La poésie du jeudi: Jeu et/ou jouets d'enfants

Publié le par Malika

  Bonjour à tous.

Voici ma participation pour le jeudi en poésie dont le thème est: jeu et/jouets d'enfants (ou d'enfance).

J'ai choisi cette poésie car je l'ai eu à apprendre lorsque j'étais à l'école, pas en entier mais jusqu'à "perdu".

Je vous la livre en entier. L'illustration était celle que j'avais faite sur mon cahier.

 

le-jeu.jpg

 

 

  Le jeu

 

Ne me dérangez pas je suis profondément occupée

 

Un enfant est en train de batir un village

C'est une viile, un comté

Et qui sait

Tantôt l'univers.

 

Il joue

 

Ses cubes de bois sont des maisons qu'il déplace

et des châteaux

Cette planche fait signe d'un toit qui penche

ça n'est pas mal à voir

Ce n'est pas peu de savoir où va tourner la route

de cartes

Ce pourrait changer complètement

le cours de la rivière

A cause du pont qui fait un si beau mirage

dans l'eau du tapis

C'est facile d'avoir un grand arbre

Et de mettre au-dessous une montagne pour

qu'il soit en haut.

 

Joie de jouer! paradis de liberté!

Et surtout n'allez pas mettre un pied

dans la chambre

On ne sait jamais ce qui peut être dans ce coin

Et si vous n'allez pas écraser la plus chère

des fleurs invisibles

 

Voilà ma boite à jouer

Pleine de mots pour faire le merveilleux

enlacements

Les allier séparer marier

Déroulement tantôt de danse

Et tout à l'heure le clair éclats du rire

Qu'on croyait perdu

 

Une tendre chiquenaude

Et l'étoile

Qui se balançait sans prendre garde

Au bout d'un fil trop ténu de lumière

Tombe dans l'eau et fait des ronds.

 

De l'amour de la tendresse sui donc oserait en douter

Mais pas deux sous de respect pour l'ordre établi

Et la pôlitesse et cette chère discipline

 

Une légèreté et des manières à scandaliser les

grandes personnes

 

Il vous arrange les mots comme si c'étaient de

simples chansons

Et dans ses yeux on peut lire son espiègle plaisir

A voir que sous les mots il déplace toutes choses

Et qu'il en agit avec les montagnes

Comme s'il les possédait en propre.

Il met la chambre à l'envers et vraiment l'on

ne s'y reconnaît plus.

Comme si c'était un plaisir de berner les gens.

 

 

Et pourtant dans son oeil gauche quand le droit rit

Une gravité de l'autre monde s'attache à la feuille

d'un arbre

Comme si cela pouvait avoir une grande importance

Avait autant de poids dans sa balance

Que la guerre d'Ethiopie

Dans celle de l'Angleterre.

 

 

Hector de Saint-Denys Garneau (regards et jeu dans l'espace, 1937)

Publié dans Croqueurs de Mots

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D
<br /> félicitations, j'aime ton dessin il est plein de fraîcheur, et bravo pour le texte bises Domi<br />
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P
<br /> C'est un enfant qui aime la vie mais qui voit peut-être plus loin.<br /> <br /> <br /> La chambre c'est celle de mon numéro deux à cet âge de jeux. A ne plus pouvoir y mettre un pied !<br />
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L
<br /> Merci pour la découverte, je ne connaissais ni l'auteur ni le poème. Dis donc, pas facile à apprendre pour un enfant, et drôlement long! j'imagine la tête de mes élèves si je le leur donnais à<br /> réciter... Bravo pour le dessin aussi! Bon dimanche, Mireille<br />
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V
<br /> Une découverte poétique touchante pour moi. Et celle-ci ajoutée à ton dessin de toi, enfant est vraiment magique,<br /> <br /> <br /> Belle journée Malika,<br /> <br /> <br /> Valdy<br />
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J
<br /> un bien beau poème toujours d'actualité, tant qu'il y aura des adultes qui offriront aux enfants les matériaux simples de leurs rêves de bâtisseurs.<br /> <br /> <br /> Faire attention à ne pas écraser de fleur invisible ... et ne pas briser les rêves d'enfants<br /> <br /> <br /> un joli dessin de cette époque.<br /> <br /> <br /> belle fin de semaine<br />
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